sábado, 28 de novembro de 2009

FINALMENTE, UM DISCURSO INTELIGENTE SOBRE A CRISE, DÍVIDA E CRESCIMENTO

JEAN-PAUL FITOUSSI PRESIDENT DE L'OBSERVATOIRE FRANCAIS DES CONJONCTURES ECONOMIQUES (OFCE)
Jean-Paul Fitoussi: "Je verrais bien 100 milliards d'euros et même plus"

http://www.lesechos.fr/info/france/300387686.htm

A quelques jours de la remisedu rapport de la commission Juppé-Rocard, le débat fait rage au sein de la majorité surle montant du grand emprunt. Est-ce le bon angle d'attaque ?
L'ampleur du grand emprunt doit être à la mesure de notre ambition. S'il est petit, cela veut dire que nous sommes timorés, que nous craignons l'avenir. Si on veut redonner confiance aux populations dans le futur - et nous entrons dans une société de défiance où le futur apparaît déprécié et injuste -, il faut des actes de courage politique. La France fonctionne par grandes annonces qui mettent la parole publique en jeu. Si la " baudruche " se dégonflait, avec un grand emprunt autour de 10 milliards d'euros, cela indiquerait que le gouvernement n'a plus confiance en l'avenir. Le débat sur le montant est en ce sens magnifique, il oblige le gouvernement à aller dans la bonne direction.
Quel montant préconisez-vous alors ?
Le minimum, pour moi, c'est 50 milliards d'euros et cela me paraîtrait précautionneux. Je verrais bien en réalité 100 milliards d'euros et même plus. Le moment n'a jamais été aussi propice à la prise de risques.
Les Français, qui voient l'état des finances publiques, ne sont pas très allants...
Les Français sont angoissés parce qu'on ne leur parle que de la dette. C'est un effort de contre-pédagogie qui s'apparente à un lavage de cerveau. Si la dette était si mauvaise, il n'y aurait pas d'entreprises ! Il n'y a pas de risque sur la signature de la France et un emprunt n'a jamais appauvri une nation s'il correspond à la construction d'un actif : à l'emprunt correspondra un actif patrimonial d'au moins égal montant. Il serait étonnant qu'au moment où il exalte l'esprit d'entreprise le gouvernement soit timoré. Ce qui m'inquiète, c'est la hausse du stock de chômeurs, pas celle du stock de dette.
Pourquoi nos voisins européens ne se sont-ils pas engagésdans des projets similaires ?
Ce n'est pas une raison de ne pas le faire. Les autres pays européens se sont engoncés dans des attitudes doctrinales - c'est le cas de l'Allemagne -, se considèrent insolvables - c'est le cas de l'Italie - ou ils ont été trop frappés par la crise, comme l'Espagne. La France doit justement donner le leadership, parce qu'elle est moins frappée par la crise et parce qu'elle a une grande expérience de ces questions. La croissance française d'aujourd'hui dépend des investissements qui ont été faits il y a vingt ans : le nucléaire, le TGV, l'aéronautique...
Un débat persiste au sein de la Commission pour savoir s'il faut ou non que le grand emprunt finance des infrastructures...
Tout dépend de leur rentabilité. Construire des tunnels entre la France et l'Italie présenterait une grande rentabilité économique, tout comme la rénovation urbaine : la baisse des temps de commutation augmente la productivité et le bien-être, ce qui porte ses fruits tout de suite et à très long terme. Sur l'économie de la connaissance en revanche, au lieu d'investir dans les systèmes d'organisation, il faut faire un pari sur les hommes, car la liberté est consubstantielle d'une bonne recherche.

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